Avec l’émergence de téléphones qui ont des résolutions extravagantes dépassant les 40 Millions de pixels (MPix), voir les 100 MPix, l’intérêt d’annoncer le nombre de pixels devient flou.
Tout d’abord, pour une utilisation web, un constat simple s’impose: Les écrans ne sont de loin pas aussi résolu. Ainsi, la plupart des écrans de bureau ont une résolution Full-HD, à savoir environ 2.1 MPix. Dans de rares cas, celle-ci monte à un écran 4k (4096 Pixels de côté, autrement dit moins de 10 MPix). Mais plus important encore, le mobile qui draine la majeure partie du traffic web n’est pas vraiment mieux loti. Là encore, les écrans 4k sont rares, même parmi le très haut de gamme (iPhone 12 Pro à 2532 Pixels de côté, Samsung S21 Ultra à 3200 Pixels).
Alors, à quoi bon parler du nombre de pixels en photographie? A dire vrai, pas forcément grand chose. (Si on met à part un pseudo argument marketing). Les attraits principaux du nombre de pixels sont de pouvoir recadrer dans l’image, d’extraire plusieurs types d’image d’une seule ou de faire des impressions de très grande taille. Dans ces conditions une résolution importante est effectivement utile, mais encore faut-il que l’image soit d’excellente qualité, autrement seuls les défauts seront augmentés.
Plutôt que parler de résolution, il serait plus intéressant de regarder le rendu général. Mais ceci ne se défini pas par un nombre de pixels impressionnant mais bien plus souvent par:
- le matériel,
- le regard et la maîtrise du photographe,
- la mise en scène
- le traitement.
Des facteurs qui ne se résument pas à un chiffre mais plutôt à un ressenti.
Le matériel:
Là aussi, les constructeurs proposent une lecture souvent simpliste concernant la qualité du matériel. Le nouveau matériel permettra « toujours d’obtenir de meilleures images ». En réalité, l’évolution technologique a surtout permis un accès plus simple à un matériel de qualité. Du matériel professionnel d’ancienne génération pouvant être obtenu à moins de 20% du prix initial.
La taille des capteurs, non en terme de pixels mais en terme de dimensions physiques, va déterminer une partie du rendu. De manière générale, plus la taille du capteur est importante, plus le rendu sera doux avec des transitions progressives et des couleurs plus justes. La netteté réelle sera également accrue.
Les objectifs joueront également un rôle primordial, avec des adjectifs les définissants comme: clinique, neutre, contrasté voir dur ou au contraire pictural, vintage, doux et parfois même mou. Il est fréquent que des cinéastes possèdent et/ou utilisent plusieurs jeux d’objectifs de mêmes focales pour définir l’atmosphère d’un film, ce qui est plus rarement le cas parmi les photographes.
De manière moins évidente, la lumière influence également fortement le ressenti. Elle permet de contrôler le contraste, local et global. La transition de l’ombre à la lumière sera plus ou moins douce suivant la taille de la source lumineuse. Si la lumière est rasante, elle accentuera le micro-relief, tandis qu’un éclairage frontal diminuera les petites imperfections. Vous pouvez même varier la couleur de l’éclairage pour un rendu créatif.
Heureusement, le photographe sélectionnera chaque paramètre et l’adaptera à vos besoins. C’est la raison pour laquelle il est important de discuter en amont de la séance, ainsi que durant celle-ci. Veillez également à sélectionner un photographe dont le style vous convient, comme nous le verrons dans la prochaine partie.
Le photographe:
La qualité d’un photographe est certainement le point le plus difficile à quantifier. Il s’agit d’une question d’autant plus complexe que je fais parti des dits photographes et que je n’ai pas pour habitude de me lancer des fleurs.
Le plus important concernant le choix d’un photographe est de savoir si ses images résonnent avec vous, votre vision et votre entreprise. Il y a un aspect quasi-viscéral qui vous fera apprécier un style plutôt qu’un autre, comme vous appréciez certainement plus un style de musique ou de cinéma qu’un autre. Vous vous orienterez, instinctivement, vers le photographe qui vous parle le plus. C’est à cette étape que la notion de budget nous rattrape. Mais contrairement à un achat de produit, la marge de manoeuvre est plus importante, discutez-en avec votre photographe, peut-être arriverez-vous à un arrangement en laissant plus de libertés à celui-ci, en vous orientant vers un style plus simple, en simplifiant les demandes, etc.
Dans certains cas, il arrive que votre entreprise ne partage pas vos codes esthétiques. Que faire? Vous pouvez démissionner, mais… Il y a sans doute mieux. Premièrement, je vous conseille de faire passer votre société avant votre goût spécifique pour rester cohérent avec ce qui a déjà été fait. Vous pouvez tout de même essayer d’ajouter votre point de vue lors des réunions. Vous aurez également plus de marge de manoeuvre sur un nouveau projet où vous pourrez plus facilement orienter le style. Et pourquoi pas imaginer de créer des visuels suffisamment intéressants pour remettre en question ce qui était fait jusque-là. Cependant, il faut garder en tête que plus l’entreprise est grosse, plus les images sont codifiées en contrôlant le cadrage, les couleurs, les éléments d’arrière-plan et de premier plan, etc.
Finalement, la mode est également très présente dans le rendu des images avec des styles plus ou moins lumineux. J’en parle plus en détail dans cet article sur le portrait moderne et ancien. Bien qu’un portrait devrait être renouvelé quand il y a un changement de look, prenez garde de ne pas totalement succomber à la dernière tendance du moment.
La mise en scène:
La mise en scène est un aspect qui n’est pas toujours conscient. Elle est même parfois laissée au hasard de l’environnement. Suivant le style que l’on souhaite donner, on peut laisser un lieu en l’état ou au contraire maîtriser chaque détail. Bien sûr, plus le contrôle doit être important plus le temps d’installation sera long et le matériel utilisé conséquent, dont voici un aperçu:
- Trépied pour garantir une reproductibilité de l’angle de prise de vue
- Lumières artificielles pour conserver la luminosité durant toute la séance.
- Ordinateur pour visualiser chaque prise de vue.
- Système de calibration à la prise de vue
Bien souvent, il est plus simple de varier légèrement le fond entre chaque portrait pour maintenir une cohérence entre les séances. De même, avec plusieurs personnes lors d’une séance, la hauteur de prise de vue n’est pas forcément maintenue, entrainant de légères variations.
Le traitement et la retouche:
Une fois toutes les autres étapes effectuées, il reste la question du traitement. Il est là pour accentuer ou diminuer les caractéristiques de l’image. Celles-ci devraient être idéalement définie avant ou pendant la prise de vue.
Ce traitement n’est, en réalité, rien d’autre que ce qui se faisait déjà en chambre noire avec des négatifs ou positifs, mais avec une précision plus grande, une meilleure reproductibilité et une vitesse accrue. Généralement, il s’agit de régler la luminosité (haute, moyenne et basse lumière) et la couleur (température, teinte, saturation) à des échelles locales et globales, ainsi que de régler le cadrage. Ces « simples » modifications vont influer le ressenti vis-à-vis de l’image. Pour l’imagerie corporate, ces réglages d’ambiance sont légers, mais en regardant du côté du cinéma, ceux-ci sont beaucoup plus tranchés.
Cependant quand on parle retouche, on pense tous à des exemples extrêmes faits à l’aide de logiciels comme photoshop. Mais en réalité, les photos initiales sont souvent proches du résultat final simplement car le temps nécessaire en retouche est décuplé par rapport à celui nécessaire en prise de vue. Des retouches fortes ou mal maitrisées risquent également d’être vues et donc d’interroger sur la véracité de l’image. Et à l’heure des filtres multiples, il s’agit certainement du pire faux pas.