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Portrait professionnel plein pied à Lausanne

Les codes du portrait

Vous vous êtes forcément vu en photo. Appelons ceci portrait même s’il ne coche pas forcément les cases classiques. Ce portrait et ce que vous trouvez bien ou non sur celui-ci sont influencés par votre histoire et l’histoire en général. Nous allons décomposer la construction des portraits en abordant le passé, le présent et, peut-être, anticiper un peu le futur.

Que le portrait ait traversé les âges ne fait aucun doute. Mais sa démocratisation est récente. Avant l’invention de la photographie, il est associé manifestement à un signe de richesse (et sans doute de narcissisme, mais ceci a moins changé). Revenons donc en arrière de quelques années avant d’aborder les sujets suivants:

Un peu d’histoire

L’accès à un portrait a toujours été déterminé par le coût de celui-ci. Dans l’histoire ancienne, les pigments étaient extrêmement onéreux. Ce qui a eu pour influence de fortement limiter la présence des gens modestes ou bourgeois dans les peintures.

Durant le Moyen-Âge, deux grandes tendances sont visibles: Le mécénat permettant de s’intégrer dans une scène religieuse (et possiblement d’acheter son salut) et les scènes de guerre et de bravoure. Les représentations du peuple se trouvent majoritairement dans les enluminures, comme par exemple les très riches heures du duc de Berry.

Scène de vie paysanne au moyen-âge

Du côté Flamand, à la renaissance, des scènes de genre apparaissent. Elles mettent en scène des personnes de conditions plus modestes mais sont le plus souvent à vocation morale (comme par exemple Joachim Beuckelaer). A quelques exceptions, nous ne pouvons pas encore parler de portraits au sens moderne du terme. Il faut tout de même mentionner des oeuvres comme La Laitière de Paul Vermeer ou la Mona Lisa de De Vinci, qui sont des portraits résolument modernes de par le niveau social de la personne peintes. Peut-être est-ce là l’une des raisons de la fascination que ces oeuvres exercent encore aujourd’hui.

Le changement majeur concernant le portrait ne vient donc pas de la renaissance comme nous aurions pu nous y attendre. Celui-ci vient plus tardivement avec l’impressionnisme. En effet, ce mouvement rejette ce qui avait cours alors, à savoir un art basé sur la religion, l’histoire et où les portraits ne sont qu’issus de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Ce qui est intéressant, c’est que la photographie n’est pas étrangère à la naissance de l’impressionnisme. C’est grâce à elle qu’une capture instantanée des scènes quotidiennes est possible et donc leurs transpositions en peinture.

Peinture Monet Portrait instantané

De plus, les portraits impressionnistes différent des portraits classiques souvent par le sujet mais également par le traitement de la lumière. Les ombres (ou plus exactement les basses lumières) sont beaucoup plus claires dans la peinture impressionniste par opposition à la peinture académique.

Encore de nos jours, nous sommes influencés par ces codes.  D’un côté un style classique, autoritaire et pictural issu de la renaissance avec des influences nettes de Rembrandt et Vermeer (Leibowitz, Dan Winters). Et de l’autre, un style plus léger et populaire qui tire sans doute ses origines de l’impressionnisme. Bien sûr, ceci est une simplification et il est toujours possible de trouver des contre-exemples (Le Turk).

Portrait de Tom Hanks par Dan Winters

Le format

Trois grandes familles de format se dégagent actuellement en photographie:

  • le format carré qui a été remis au goût du jour par instagram.
  • Le format « portrait », plus haut que large (que nous appellerons Vertical)
  • Et le format « paysage », plus large que haut (que nous appellerons Horizontal).

Tout ces formats existaient déjà en peinture. Encore une fois, les raisons économiques ont imposé des choix spécifiques. Les portraits étaient verticaux et les paysages horizontaux afin d’optimiser la surface de toile et donc également le temps nécessaire à sa réalisation. Avec la photographie, cependant, les ratios hauteur x largeur se sont largement uniformisés. Vous l’aurez compris, également pour des raisons économiques. Cependant, le coût d’une photo étant nettement moindre qu’une peinture, celle-ci a permis plus d’expérimentation quand au format. La presse écrite a également joué un grand rôle dans l’utilisation d’un format vertical. Aujourd’hui, deux tendances se font sentir:

  • D’un côté, l’influence du cinéma, avec des formats horizontaux très allongés.
  • De l’autre, un ensemble de média verticaux, y compris vidéo.
Format au cinéma
Différents formats en cinéma


Ce choix sera dicté en grande partie par le support qui servira à voir le contenu. Pour un site sur ordinateur, le format horizontal semble plus approprié. Et sur téléphone mobile, un format vertical est plus adapté à l’écran souvent tenu verticalement. Le format carré semble un entre-deux qui peut être intéressant, mais il faut savoir que celui-ci peut paraître statique. Instagram a décidé de commencer avec un format carré, sans doute pour se démarquer et uniformiser l’ensemble du contenu sur celui-ci.

Cependant, il s’agit d’une vision simpliste. En réalité, il sera nettement plus intéressant d’utiliser des bannières, banderoles et colonnes en plus des formats classiques pour optimiser la diversité et la possibilité de maintenir le visiteur plus longtemps sur le site. De plus, avec l’avénement de la photo web, nous retrouvons un principe ancien, le ratio n’est plus figé. Vous pouvez adapter celui-ci au pixel près et personne ne vous en voudra si vous décidez d’avoir un ratio 1.6 x 3.94 (nombres pris au hasard). Ou si vous voulez avoir une image ronde, ovale ou en étoile.

Si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille cet article sur les ratios des images et pourquoi le format 4:3 revient en vidéo.

Le contenu

Plutôt que repartir dans des détails historiques, nous allons voir comment du contenu peut être ajouté à un portrait. Nous commencerons par les fonds, du plus simple pour aller vers le plus complexe. Nous aborderons également l’utilisation d’accessoires. L’habillement, lui, sera abordé dans un futur article.

Fond uni

Le plus basique de tous les portraits est sur fond uni. Il peut être intéressant pour mettre en avant le sujet et seulement lui. C’est à dire qu’il est neutre vis à vis de la vie de la personne photographiée, son emploi actuel ou futur, si d’autres informations ne sont pas données (Habits ou accessoires). C’est pour cette raison qu’il s’agit du style à privilégier pour des CVs simples.

Mais il peut s’agir également d’un style lisse, qui ne donne pas assez d’informations sur la personne. Un fond coloré peut donner un peu plus d’informations et surtout être en accord avec la charte graphique d’une société. Pour garantir une couleur parfaite en arrière-plan, il est parfois préférable de réaliser un détourage complet du portrait et une intégration sur le fond choisi.

Portrait serré

Si nous montons d’un cran en complexité, nous arrivons au portrait serré avec un environnement. Celui-ci apportera des éléments explicites et/ou implicites. La couleur influencera la perception et l’intégration à une éventuelle charte graphique. La présence de formes reconnaissables permettant de contextualiser et interpréter le fond, notamment par l’ajout d’accessoires (Lampes, tableaux, bibliothèques, etc). En travaillant sur le flou d’arrière-plan, nous pouvons laisser apparaître plus ou moins l’environnement. Plus celui-ci sera visible, plus la photo sera complexe à réaliser. Il s’agit donc souvent d’un compromis entre lisibilité de l’image, mise en avant de l’environnement et rapidité d’exécution. La majorité de mes portraits sont des portraits serrés.

Portrait professionnel plein pied à Lausanne

Environnement

Finalement, la photo en situation en plan large. L’environnement y est clairement reconnaissable et la composition doit être bien étudiée pour  que l’ensemble paraisse harmonieux.  Dans ces conditions, l’attitude corporelle prend nettement plus d’importance. L’éclairage peut être plus dur car le visage n’est pas autant visible. A l’inverse des deux précédents styles, l’information principale n’est plus seulement la personne mais également son interaction avec son milieu et/ou d’autres personnes. Dans ce contexte, l’ajout d’accessoires personnels ou professionnels peut facilement se faire et s’intégrer de manière naturelle. Ce style d’image sert souvent d’illustration. Il est également beaucoup utilisé dans la presse afin de donner un maximum d’informations aux lecteurs en un minimum d’espace. 

Différences culturelles

Les différences culturelles sont nombreuses et ce n’est un secret pour personne: L’histoire a façonné notre perception. Ce qui plaît à Dubaï ne plaira pas forcément à Shanghaï, à New York ou à Genève. Ces différences se ressentent dans le style d’image, dans leur contenu et dans la manière de les présenter.

Il faut toujours garder en tête à quel public nous nous adressons. J’aurais même tendance à vous conseiller de faire appel à une personne de la culture que vous ciblez. Ceci permet d’éviter les nombreux faux-pas qui pourraient se présenter. L’un des exemples les plus parlant est le flop de Mulan en Chine malgré la thématique et les acteurs chinois. 

Couleurs

Finalement, les couleurs ont une influence fortes sur la perception de l’image. Il faudrait plusieurs articles pour couvrir cette thématique complexe. Voici quelques pistes de réflexion:

  • La nature est une bonne source d’information. Ainsi, le bleu, le vert et le brun sont des couleurs courantes et relativement apaisantes. Le jaune est souvent associé au soleil et donc à l’activité tout comme l’orange. Le rouge est une couleur très vive présente autant sur des sources de nourriture que sur des poisons. Le violet est plus rare, souvent sur de petites fleurs
  • La saturation mesure à quel point une couleur est pure. Ceci est un bon outil pour diminuer ou accentuer le ressenti d’une couleur. De manière général, l’oeil sera attiré par plus de saturation et plus de luminosité.
  • Les couleurs sont également une affaire culturelle et sociale. Par exemple, le style business est fortement emprunt de la bourgeoisie européenne du 19e siècle qui se devait de garder des couleurs sobres. 

L’utilisation actuelle

Notre vie a été profondément affectée par le coronavirus et encore plus nos habitudes. Internet est encore plus prévalent pour les commandes et les interactions. A mon sens, seuls deux types de sociétés vont véritablement tirer leur épingle du jeu, d’un côté celles qui automatisent toutes les étapes de leur production, de l’autre celles qui mettent en avant l’humain et la nécessité d’un contact de qualité.

Le web continuera à répondre à la plupart des demandes rapides mais les conversions de clients se baseront sur l’efficacité et le côté humain. La question reste de savoir si ce côté humain pourra être imité par l’ordinateur et si nous l’accepterons.

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