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La sauvegarde du photographe

La livraison de photos ressemble fortement à un ensemble de chainons. Il suffit que l’un d’eux casse pour que l’ensemble du travail s’effondre. Voici un petit aperçu:

Vous changez d’optique et elle vous échappe des mains. Quelqu’un s’approche de votre trépied lumière et celui-ci part en arrière, entrainant la lumière avec. Votre sauvegarde devient corrompue pour une raison abstraite. ETC… (Je le mets en gras exprès, car tout est possible grâce à Murphy.)

Minimiser les risques

  • Les optiques (souvent connu sous le nom d’objectifs) sont de petites merveilles de précision. Mais un simple choc peuvent les mettre en péril. Il suffit, par exemple, de les laisser tomber au moment de les changer. Pour éviter de gros dégâts, on les change généralement proche du sol. Les optiques photo sont majoritairement de petit taille et peuvent facilement être maintenues dans une main, à l’inverse due nombreuses optiques cinéma.
  • Les trépieds lumières peuvent être facilement bousculés. Non seulement il y a un risque que la lumière se casse en arrivant sur le sol mais également de provoquer des dégâts humains, c’est la raison pour laquelle on préfère les leste. Plus il y a de passage et plus les lumières sont lourdes plus il est important de le faire. Cependant, dans des situations de portraits simples, il est souvent utile de laisser les trépieds sans lests pour être plus mobile, utiliser des flashs léger et simplement interdire le passage aux environs de la lumière principale.
  • Les boitiers numériques sont étonnamment solides, du moins de l’extérieur et à l’exception de l’écran. La mécanique interne, au contraire, est très fine et peut facilement être endommagée. Raison pour laquelle on n’approche jamais ses doigts du capteur (ou du miroir). Néanmoins, il s’agit de l’un des maillons les plus résistant de la chaine. Le plus gros risque étant un arrêt complet dû à un bug.

En plus de cela la plupart des appareils et lumières ont besoin d’électricité pour fonctionner, souvent sous la forme de batterie. Il faut donc toujours veiller à avoir l’ensemble de ses batteries parfaitement chargées et en suffisances.

Finalement, le plus important de tous, les moyens de sauvegarde. Ceux-ci peuvent facilement se corrompre et c’est la raison pour laquelle on utilise de la redondance.

Fail operational, Fail safe

Lors d’un cours avec le professeur Nicollier sur les missions spatiales, il nous avait parlé de deux concepts fondamentaux: Le Fail operational et le Fail safe.

Le « Fail operational » est la condition de pouvoir continuer a travailler même en cas de panne d’un appareil. On parle volontiers de systèmes redondants, où chaque chainon est doublé, triplé ou plus. En utilisant plusieurs appareils, la panne de l’un des éléments n’est plus critique. Il est donc possible de mener à bien la mission, à savoir de réaliser l’ensemble des images commandées par le client.

Le « Fail Safe » permet de rentrer en vie de la mission. Il est bien sûr différent en photographie car il n’y a normalement pas de danger de mort (ou il faudrait peut être envisager de changer de client). Mais j’applique tout de même ce concept à savoir que même si la plupart des éléments sont endommagés, les images peuvent être faites malgré tout. Naturellement, celle-ci seront suboptimale mais seront suffisantes. Le fail safe dans ce cas est obtenu par la maitrise du language photographique et de techniques de secours (comme le T-shirt réflecteur, mais ceci fera l’objet d’un autre article).

Optimiser

Bien sur, on pourrait prendre tout en quadruple au moins mais, rapidement, on se retrouve face à trois impératifs.

  • Un impératif de temps. Plus on transporte de matériel, plus il faut de temps pour le préparer et l’inspecter. En effet, rien ne sert de transporter du matériel si au final il ne fonctionne pas en premier lieu.
  • Un impératif de coût, car le matériel n’est pas gratuit. Une base de matériel peut se retrouver aux environs de 10000CHF. Si vous utilisez du moyen format, vous pouvez multiplier ce nombre par 2 à 7. Multipliez ceci par autant de copie que vous souhaitez et vous obtenez des valeurs excessives.
  • Un impératif de poids. Il ne m’est pas rare de transporter 30 kg de matériel pour un petit shooting, avec une petite redondance et du matériel léger. Le poids va entrainer des différences au niveau du chargement et du déchargement qui seront plus long, il faudra également des moyens de transport plus importants et possiblement du personnel supplémentaire.

L’optimisation va donc avoir lieu suivant les coûts des facteurs externes au photographe. Typiquement, sur un shooting avec coiffeur, styliste, agence, acteurs, etc, le cout du retard devient largement plus grand que celui de la location du matériel. A l’inverse, une séance simple ne demandera pas autant d’assurances. De la même manière, un shooting produit sans denrées périssables pourra plus facilement s’accommoder d’un report d’une heure qu’un mariage où chaque action est unique.

S’il ne fallait que prendre le minimum de matériel, il faudrait à mon sens: deux appareils (qui peuvent enregistrer sur deux cartes en même temps), deux objectifs, deux cartes mémoires, 4 batteries et autant de lumière que nécessaire plus une. Les modificateurs de lumières ainsi que les trépieds ne sont généralement pas critiques, il n’y a donc pas besoin de prévoir plusieurs exemplaires de ceux-ci.

Le « Sujet »

Aucun article parlant de redondance en photographie ne serait complet sans parler d’archivage. En effet, à quoi bon avoir fait tout ce travail pour que les données disparaissent suite à un crash ou une corruption de données. Il faut donc envisager une sauvegarde double sur place et une délocalisée en cas de problème au studio. Beaucoup de personnes recommandent d’utiliser un NAS (Network Attached Storage, ou serveur de stockage en réseau), mais le simple fait qu’il soit constamment en ligne le rend plus risqué qu’un DAS (Direct Access Storage ou stockage en attachement direct) qui ne peut être accédé que physiquement. Ceci est la raison pour laquelle j’ai préféré cette deuxième option.

De la même manière, je préfère utiliser un système logiciel d’automatisation de sauvegarde (ChronoSync, lien non-sponsorisé) plutôt que faire confiance à un système RAID pour ne pas perdre de données en cas de problème avec la carte RAID. Mais je pense qu’il s’agit probablement d’un excès de prudence de ma part et qu’un système RAID assure une sauvegarde plus simple.

Conclusion

Vous pouvez également appliquer cette réflexion à vos fichiers personnels ou à votre matériel. Il s’agit toujours de savoir à quel point vous pouvez vous permettre de perdre de l’information et quel est le coût de remplacement du matériel en temps et en argent. A titre d’exemple et dans un tout autre domaine, j’utilise des poêles en fer qui sont véritablement indestructibles et ne me demanderont pas d’être changée avant quelques décennies au moins. Il n’y aura donc aucun besoin de passer du temps à en choisir une et à en acheter une. Mais au cas où l’une d’elle devait casser, il m’en resterait toujours d’autres pour préparer un bon repas.