Que faut-il montrer ou ne pas montrer dans une photo?
Cette question est fondamentale car les objets qui sont montrés dans une image détermine l’histoire qui s’y rattache.
Cependant, en affichant des biens positionnels, on va bien plus loin.
Un bien positionnel?
En d’autre terme, il s’agit d’un objet qui détermine le niveau social d’une personne par son statut exclusif (généralement déterminé par l’argent). Un objet de luxe ne l’est pas forcément, car il faut qu’il soit visible ou connu. On peut notamment citer comme exemple les montres, les voitures, les récompenses artistiques ou sportives, les oeuvres d’art, les lieux d’habitation, etc.
Le bien positionnel a également ceci de particulier: il n’est pas éternel. S’il devient trop courant, il cesse d’être un différenciateur suffisant. Typiquement, une voiture simple n’est plus positionnel, pas plus qu’un téléphone. Bizarrement, un tigre reste toujours très positionnel.
Un point important à noter est que cet objet sert à attiser généralement l’envie des autres. Avec parfois des conséquences réelles comme c’est le cas pour ce promoteur belge qui s’est fait voler sa montre sous la menace.
Doit-on craindre des attaques?
Il faut garder en tête que toutes les images publiées sur internet ou dans les journaux sont visibles de tout le monde en tout temps, tout lieu et pour toujours (en simplifiant). Même si, en Suisse, la population est discrète quand à son niveau de fortune réelle, rien n’empêche des personnes mal intentionnées de se renseigner sur internet par une simple recherche. Toute image devient alors source de nombreuses informations.
Vivons heureux, vivons cachés?
Peut-être est-ce mon éducation à Genève qui me rend particulièrement sensible à la discrétion mais j’aurais tendance à ne montrer sur une photo que ce qui permet de créer une histoire. Les symboles religieux ou les biens de luxe ne devraient pas être mis en avant sauf s’ils participent à la compréhension de la photo et de la personne photographiée.
Ainsi, un curé aura naturellement des éléments de rappel de sa foi. Pareil pour un portrait d’un fidèle dans le cadre de l’exercice de sa foi. Mais cette même personne, au travail, va généralement garder ses signes religieux cachés ou discrets. Et en portrait d’entreprise on cherchera avant tout à montrer une vision la plus proche du réel.
De manière identique, un patron de marque horlogère mettra en avant sa montre. Ses employés probablement. Mais dans le cadre d’un autre travail, la montre n’ajoute pas d’éléments au récit, elle n’est là que pour signifier la position de la personne, souvent au détriment des autres. Une voiture de luxe n’ajoutera un réel intérêt que pour des personnes travaillant dans le domaine de la mécanique automobile.
A mon sens, le plus parlant des exemples doit être la médaille olympique. A part si vous êtes l’un des rares médaillés olympiques, est-ce que vous poseriez avec une récompense sportive que vous n’avez pas gagnée? La réponse sera certainement non et vous pouvez appliquer cette réflexion à tout bien que vous souhaitez mettre en avant dans une image.
L’outil de travail positionnel
Dans le cadre du travail, la question vient également de savoir à partir de quand un bien devient positionnel. Un costume sur mesure pourrait remplir ce rôle, à la seule condition que tout le monde soit au courant qu’il s’agisse d’un costume d’exception. (Et je ne vais pas critiquer les costumes sur-mesure car ils me donnent moins de travail de retouche). La voiture de l’agent immobilier pourrait s’y apparenter également.
Mais là où toute cette histoire devient particulièrement cocasse, c’est qu’en photographie, plus que dans d’autres corps de métier, certains appareils peuvent être considérés comme positionnels. En effet, peu de gens arrivent à se payer des appareils photo à 40’000 CHF ou plus ou des lumières à 10000CHF. Même s’il est indéniable que ceux-ci peuvent apporter une plus-value au travail du photographe, parfois… tout ce beau matériel n’est là que pour la frime.
